L’association française Petits Frères des Pauvres publie une étude sur les conséquences de la crise sanitaire sur les aînés

L’association française des Petits Frères des Pauvres publie un nouveau rapport qui analyse les effets de la crise sanitaire sur nos aînés, après un premier rapport publié en juin sur les effets du confinement. Celui-ci montre l’impact déterminant des conditions de vie, des vulnérabilités et de la fragilité des liens sociaux sur le vécu de cette période.

En juin 2020, les Petits Frères des Pauvres publiaient un rapport consacré aux effets du premier confinement sur les personnes âgées (réalisé avec l’institut CSA Research sur 1500 personnes âgées de 60 ans et plus). Alors que cette étude était réalisée au début de cette crise sanitaire et sociale, elle démontrait qu’en France,  » 720 000 personnes âgées n’avaient eu aucun contact avec leur famille durant le confinement de deux mois en mars et avril 2020 ou encore que 650 000 personnes âgées n’avaient trouvé personne à qui parler ».

Ce nouveau rapport présente des données complètes sur le vécu par les personnes isolées durant ces derniers mois. Les résultats sont issus d’une étude qualitative réalisée en collaboration avec le Cercle Vulnérabilités et Société, auprès de 100 personnes âgées, de professionnels de santé, d’aidants et de bénévoles.

La crise aura des conséquences à long-terme sur nos aînés

La crise sanitaire va marquer durablement les esprits de tous, surtout nos aînés. Ce qui ressort des entretiens, c’est le sentiment de privation quasi-unanime : le manque de contact physique, le « peau à peau » et les marques d’affection associées, souvent vécus comme une perte que les nouvelles technologies à distance peinent à remplacer dans la durée.« On n’a pas le droit de s’embrasser, on n’a pas le droit de se serrer la main, de loin quoi. […] Oui ça me manque. Ça me manque beaucoup. » témoigne Honoré, 60 ans.

Ce qui a marqué profondément aussi, ce sont la gestion de la crise et son traitement par les médias qui semblent avoir influé durablement sur le regard que des personnes de plus de 60 ans ont sur elles-mêmes. Ces aînés souffrent d’une vision de la société qui ramène de facto la vieillesse à la fragilité. Autrement dit : « le vieux, c’est celui qui est fragile, celui qu’on vaccine le premier, celui qui n’est pas en capacité de ». D’ailleurs, un grand nombre de personnes qui ont témoigné ont « le sentiment d’être exclues, d’être en marge de la société du fait de leur âge ».

La crise est vécue différemment selon les conditions matérielles de chacun…

Vivre le confinement dans un petit studio insalubre dans un quartier pauvre ou dans un pavillon avec jardin dans une région du sud de la France, c’est totalement différent. Selon les entretiens menés, le confinement est d’autant mieux vécu lorsque les conditions matérielles et financières sont satisfaisantes et lorsque la personne avait auparavant de nombreux contacts. 45 % des personnes interrogées avec des revenus mensuels inférieurs à 1000 € ont mal vécu le confinement, contre 18 % des personnes avec des revenus supérieurs à 2000 € mensuels.

En revanche, pour les plus précaires, le confinement est source d’une importante souffrance psychique et exacerbe une précarité financière déjà existante.

Autre constat, la crise sanitaire est mieux vécue dans des habitats alternatifs pour personnes âgées comme les résidences autonomie qu’à domicile ou en maison de retraite : « c’est le cas pour 47 % de ces résidents qui l’ont plutôt bien vécu contre 25 % à domicile et 27 % en maison de retraite ».

Pour Maryvonne, 76 ans, en maison de retraite, les mois de crise sanitaire ont été difficiles : « Le premier confinement a été très dur. On a été coupé de tout. Heureusement que j’avais encore le téléphone pour rester en contact avec mes amis, ma famille, mais on n’avait plus le droit aux visites. », regrette-t-elle. Les mois qui ont suivi n’ont pas été plus joyeux… « Nous, on doit toujours rester enfermés dans nos chambres. On n’a plus le droit de rendre visite aux autres pensionnaires, il n’y a plus d’activités et pendant les repas, on est plus que deux par table alors qu’avant on était quatre. »

Y-a-t’il des risques de fracture entre les générations ?

Cette crise crée-t-elle un phénomène Jeunes contre Vieux ? Au cours des entretiens, de nombreuses personnes âgées ont spontanément émis quelques plaintes à l’égard des jeunes, regrettant le laxisme dans l’application des gestes barrières, ou une certaine forme d’insouciance. Parallèlement, la crise a entraîné un resserrement des liens intergénérationnels au sein de la cellule familiale : les personnes âgées témoignent alors de leur inquiétude pour l’avenir de la jeune génération

« Je crois beaucoup à la jeunesse, j’y crois vraiment beaucoup. Vous allez avoir une vie difficile parce qu’il y a une dette monumentale à rembourser, il y en a pour 30 ou 40 ans mais vous allez trouver des solutions pour vivre différemment. Je pense que pour vous aussi ce confinement aura eu quelque chose de positif au niveau de l’environnement, des déplacements, du travail, de la cadence de la vie. Retrouver le goût de la vie, de la famille, de la solidarité aussi, intra-familiale et extra-familiale. Je pense que c’est quand même important. », déclare Chantal, 74 ans.

Les préconisations de l’association des Petits Frères des Pauvres 

À l’issue du rapport, l’association française émet plusieurs préconisations à l’attention des pouvoirs publics mais aussi des citoyens pour maintenir le lien avec les plus fragilisés et favoriser la reconstruction de « communs acceptables » par tous.

Accéder au rapport

 

Crédit photo : AdobeStock

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