Cet été, deux étudiantes américaines pour nos aînés isolés à Toulouse

Depuis plus de 20 ans, l’association des Petits Frères des Pauvres  accueille chaque année pendant l’été en région occitane dans le sud de la France des étudiants pour favoriser le lien intergénérationnel.  L’été est une période où l’isolement de nos aînés est encore plus prégnant. Pour tous les membres de la fédération internationale des Petits Frères des Pauvres, c’est l’occasion d’offrir aux personnes âgées fragiles et démunies des temps de rencontres, formidables vecteur de maintien du lien entre les générations et l’ouverture sur le monde. Lavender, 21 ans, et Margaret 23 ans, sont étudiantes américaines et connu l’association grâce à leur professeur de français. Elles ont intégré pendant l’été les équipes de bénévoles des Petits Frères des Pauvres en Occitanie pour accompagner des personnes âgées isolées. En soutien des équipes toulousaines, elles vivent une expérience d’un été loin de chez elles mais près du cœur.

Comment vous sentez-vous dans l’association ? Quelles rencontres ou quels échanges avez-vous eu avec les personnes que vous accompagnez ?

L : C’est très enrichissant ! J’aime beaucoup l’Histoire et je la vis à travers le récit des hommes et des femmes que je rencontre, comme lorsqu’elles me racontent leur enfance, pendant la guerre par exemple. Je trouve ça passionnant d’avoir leur point de vue, qu’elles me partagent leurs histoires et leurs cultures. J’échange avec des personnes qui sont seules et qui ne sortent pas beaucoup. Ce qui me rend triste, c’est qu’elles me racontent qu’elles ont des enfants qui ne leur rendent pas visite. En fait, certaines ont une famille, mais elles ont perdu le contact pour une raison ou une autre. La vie a fait qu’elles se retrouvent tout seules

Je me rends compte, à chaque fois, que je rends visite à des personnes à quel point, elles sont uniques, elles ont chacune des choses à partager, une histoire, une vie, des passions. 

M : De mon côté, chaque mardi, je propose un cours de danse de salon et j’accueille une douzaine de personnes accompagnées et bénévoles. C’est ouvert à toutes et tous, même à des personnes en fauteuil car je m’adapte et nous pouvons appréhender la danse de toutes les manières. Ce qui est drôle, c’est que parfois elles sont timides au début et n’osent pas, puis au fur et à mesure, ils se mettent à bouger et, la plupart du temps à la fin du cours, tout le monde danse. Le premier jour, la personne qui a été la première à danser était une dame de 97 ans, elle était incroyable et ravie de pouvoir trouver un espace où danser avec d’autres personnes.

Pendant mes études, j’ai fait de la recherche sur la maladie d’Alzheimer en lien avec la danse et la musique. Et je me rends compte que la musique peut être bénéfique pour toutes les personnes âgées : cela peut les aider à se remémorer des souvenirs, à retrouver la joie de vivre, à donner l’envie de bouger, même assis d’ailleurs, car on peut tout à fait danser assis ou juste écouter la musique, et cela fait du bien !

Je fais également des visites à domiciles et en établissement. Les personnes que je rencontre sont seules pour différentes raisons, parfois, elles sont très âgées, elles ont perdu leurs familles ou ont des relations compliquées avec elle, parfois elles ne peuvent plus bouger donc ce sont des personnes qui ont vraiment besoin de voir un visage souriant, de voir quelqu’un qui veut échanger avec elles.

Je vais aussi à l’hôpital psychiatrique de Toulouse avec l’équipe des Jardins Des Silos-Garonne et je rencontre des personnes qui aiment jouer et danser. Pendant mes études, j’ai fait de la recherche sur la maladie d’Alzheimer en lien avec la danse et la musique. Ici, je ne suis pas forcément avec des personnes qui ont Alzheimer

Je trouve ça passionnant d’avoir leur point de vue, qu’elles me partagent leurs histoires et leurs cultures. J’échange avec des personnes qui sont seules et qui ne sortent pas beaucoup. 

 Qu’est-ce que cela vous apporte de passer ces quelques mois dans l’association ?

L : Ce que j’aime, c’est que chaque personne que je rencontre a vécu une grande histoire, et même si la vie est courte, elle peut aussi être longue et on peut y vivre beaucoup d’aventures. Comme je suis à un moment de ma vie où je me questionne sur mon avenir, cela me donne de l’espoir de savoir que je peux vivre beaucoup de chose, que je ne dois pas décider ce que dois faire pour le reste ma vie, je peux profiter de ce qui arrivera. Je créé des liens forts avec les personnes que je rencontre, je me soucie d’elle et je veux qu’elles soient heureuses et cela me fait vraiment du bien de me sentir utile.

M : Les premiers jours, c’était un peu difficile car les personnes âgées parlent aussi de la maladie et de la mort. Mais cela m’a fait me rendre compte que c’était important de vivre, et que ça ne vaut pas la peine de rester seule, quand on peut bouger, voir du monde. Les personnes que je visite n’ont pas le choix, alors que moi, je peux sortir, profiter de rencontrer de nouvelles personnes, m’occuper des autres et il faut que je le fasse. Bien sûr, on a parfois des coups de mou et envie de ne rien faire mais il faut au maximum savoir profiter de la chance que l’on a de vivre et de pouvoir bien vivre avec les autres, c’est vraiment quelque chose que ces personnes et mon expérience dans l’association m’ont enseigné.

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